DIEU SE SERAIT-IL TROMPÉ ?
N’aurait-il pas été plus respectable, plus acceptable, pour Jésus, le Roi des rois, de naître dans un palais, entouré des membres illustres de la cour, jouissant des honneurs et des éloges de la société ?
Mais au lieu de cela, Il naquit sur la terre battue d’une étable, enveloppé de chiffons et couché dans une mangeoire à bestiaux, avec, pour seul entourage, une troupe bigarrée de pauvres bergers agenouillés auprès de Lui, à même le sol.
N’aurait-il pas été préférable de Lui donner pour père terrestre un puissant monarque, plutôt qu’un humble charpentier comme Joseph?
L’appui
et le soutien de l’ordre établi n’auraient-ils pas
quelque peu facilité les choses pour Jésus et Ses
disciples ?
Par ailleurs, n’était-il pas humiliant, totalement injuste, que Ses parents aient dû fuir leur pays, comme des réfugiés ou de vulgaires criminels, pour avoir donné naissance au chef d’un nouveau gouvernement révolutionnaire, le Royaume de Dieu.
Et
n’aurait-il pas été préférable que
Jésus adopte une façon de vivre un peu plus décente,
plus convenable, au lieu de vivre aux crochets des autres, en allant
glaner sa nourriture dans les champs ou en dormant chez l’habitant
(entre autres, chez les deux jeunes et jolies sœurs
célibataires, Marthe et Marie); et au lieu d’être
enterré dans une tombe qui n’était pas la
Sienne ?
Fallait-il
vraiment qu’Il provoque toujours la religion établie,
qu’Il défie les conventions, qu’Il s’attaque
aux traditions et menace le statu quo ? Ce qui lui valut d’être
exécuté en compagnie de vulgaires criminels, et d’être
affublé de la mauvaise réputation qu’on Lui
connaît : l’ami des collecteurs d’impôts,
le compagnon des ivrognes et des prostituées, un amateur de
bonne chère, un hors-la-loi, un fauteur de troubles, un
fanatique possédé du démon, un faux prophète
de la pire espèce ?
C’est ce qu’on disait de Lui !
Dieu
n’aurait-Il pas pu user de tactiques un peu moins sujettes à
controverse, ce qui Lui aurait permis d’atteindre Son but
d’une façon plus pacifique, plus acceptable, plus
respectable ? Et pourquoi toujours vouloir braver l’ordre
établi de façon aussi délibérée ?
Pourquoi
faire exprès de choisir comme disciples une bande de pêcheurs
sans le sou, et un collecteur d’impôts détesté de
tous ?
Le
Roi des rois n’aurait-Il pas pu assurer un meilleur départ
à Son nouveau mouvement et progresser plus vite s’Il
avait fait les choses à la manière des hommes, s’Il
avait choisi Ses disciples parmi les membres de l’éminent
Sanhédrin, qu’Il avait gagné le soutien des
synagogues et avait obtenu la permission du grand prêtre, sans
oublier une autorisation de Rome ?
Dieu
se serait-Il trompé ?
Jésus,
Tu as chassé à coup de fouet les changeurs du Temple :
mais si seulement Tu t’étais contenté de le
faire une seule fois, les autorités auraient pu Te le
pardonner. Mais Tu as récidivé, et en plus, Tu as
cassé leurs tables et renversé leur argent ! C’en
était trop, Tu le savais bien ! Tu savais bien qu’on
finirait par vouloir Ta peau !
On
peut comprendre que Tu aies commis quelques erreurs de parcours,
mais n’était-ce pas une attitude irresponsable de Ta
part ? Ne crois-Tu pas, Seigneur, que Tu aurais pu légèrement
améliorer Tes tactiques ?
Tu
aurais pu sûrement peaufiner quelque peu Tes méthodes
et Ton message, pour que les choses ne soient pas trop dures à
avaler. Comme le jour où Tu as demandé à Tes
disciples de manger Ta chair et de boire Ton sang. Allons, Tu devais
bien te douter qu’ils allaient penser que Tu voulais les
initier au cannibalisme !
On
dirait que Tu as tout fait pour qu’on Te rejette : une grande
part de Tes méthodes et de Ton message est extrêmement
difficile à avaler pour ceux qui respectent un tant soit peu
les traditions! Tu as rendu les choses très difficiles à
expliquer à la bonne société. Pourquoi défier
à ce point les conventions et prêter le flanc aux
critiques ? Pourquoi t’es-Tu conduit en iconoclaste et
d’une façon aussi saugrenue ?
On
ne peut pas dire que Tu nous facilites la tâche !
N’étais-Tu
pas le moins du monde soucieux du qu’en-dira-t-on ? Te
moquais-Tu complètement de ce qu’on pensait de Toi et
de Tes disciples ? Étais-Tu à ce point insensible
à tous les commérages qui circulaient sur Toi et sur
les hommes et les femmes qui T’accompagnaient ?
Comment pouvais-Tu nous faire une chose pareille, Seigneur ?
Pourquoi
t’acharner à être aussi difficile à
expliquer au grand public ? Que crois-Tu que les gens vont
penser d’un comportement aussi inexcusable ? Ils ne
peuvent se fier qu’à ce qu’ils voient et ce
qu’ils entendent. Ce qui, en l’occurrence, n’est
pas fait pour arranger les choses !
Permets-nous,
Seigneur, d’améliorer Tes méthodes, d’affiner
un peu Ton message, et de passer sous silence certains aspects
controversés de Ton ministère ! Nous ne voulons pas
refaire Tes erreurs !
Autrement,
si Tes disciples continuent de suivre l’exemple d’un
non-conformiste tel que Toi, ils courent au devant de sérieux
ennuis.
Permets-nous
d’apparaître un peu plus respectables aux yeux du monde
!
Ne
pourrais-Tu pas, en ce qui nous concerne, nous permettre d’avoir
un comportement un peu plus sociable, pour faire en sorte que nous
n’ayons pas à subir le genre de persécution dont
Toi et Tes premiers disciples avez souffert ? N’est-il
pas normal que nous tirions les leçons de Ton mauvais
exemple, de façon à éviter de faire les mêmes
erreurs ?
Et,
Seigneur, Tu aurais pu faire preuve d’un peu plus de respect à
l’égard du Temple et des synagogues. Tu n’es pas
sans savoir que les édifices constituent le fondement de
toute religion. Sans eux, où serait notre religion ?
Nous n’aurions nulle part où célébrer nos
cérémonies. Et puis, comment expliquer notre
appartenance religieuse si nous n’avions pas différentes
confessions?
Quant
à proclamer que le Temple juif — qui était
considéré comme la maison de Dieu — était
voué à la destruction, n’était-ce pas là
un sacrilège et un blasphème ? Qui, à Ton
avis, allons-nous gagner à notre cause, si nous nous mettons
à dire des choses pareilles ?
Ne
te serais-Tu pas trompé, Seigneur ?
N’y aurait-il pas une meilleure façon de procéder ? Tu aurais pu viser une classe sociale un peu plus distinguée, choisir des méthodes plus acceptables, et un message un peu moins choquant qui ne rebuterait pas le public au point de le dresser contre Toi.
N’est-il pas normal de vouloir que les gens pensent du bien de nous, et d’aspirer à un minimum de respectabilité au sein de la communauté ?
Nous
ne demandons nullement à faire la une des journaux, surtout
pas de manière aussi déplaisante. Nous ne cherchons
pas à nous faire traiter de fanatiques religieux.
Faut-il,
Seigneur, que pour nous garder séparés du monde, et
par refus des concessions, nous soyons à ce point mis au ban
de la société —
pour prévenir toute tentation de retour en arrière ?
Faut-il que nous soyons totalement rejetés pour que Tu
puisses demeurer notre seul et unique refuge ?
Faut-il
que nous coupions tous les ponts pour rendre toute retraite
impossible ?
N’est-ce
pas trop demander ? Tu as fait de nous des réprouvés
de la société, à l’instar de Paul, et des
apôtres — que ce dernier appelait les déchets de
l’humanité ; comme l’étaient Tes premiers
disciples : des inadaptés, des originaux, des
fanatiques, d’étranges personnages.
Si
nous Te suivons dans cette voie, nous risquons d’atteindre un
point de non-retour !
Nous
serons à jamais bannis de la société. Cela
pourrait donner des idées de division et de trahison à
ceux dont la loyauté est douteuse, comme Judas qui T’a
trahi.
Ta façon de procéder serait une telle pierre d’achoppement pour ceux d’entre nous dont l’engagement est faible, que notre nombre irait en s’amenuisant, et qu’il deviendrait extrêmement difficile de convaincre quiconque d’accepter un tel extrémisme et de telles exigences de loyauté, d’engagement et de doctrine. Souviens-toi de ce qu’il T’est arrivé après Ton fameux « sermon sur le sang et la chair » !
***
Une
manière « plus correcte, plus convenable »,
dites-vous ? Vous n’y pensez pas ! En règle générale,
ce sont les hommes qui ont inventé ça.
Mais
la manière dont Dieu opère est souvent inattendue,
incorrecte et peu convenable ! Il va à l’encontre des
conventions, des traditions, de l’orthodoxie, des grandes
pompes, et de ce qu’on appelle le bon sens.
« Car vos pensées ne sont pas Mes pensées, et vos voies ne sont pas Mes voies, déclare l’Eternel ; autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant Mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et autant Mes pensées sont élevées au-dessus des vôtres. »
« Qui
peut connaître la pensée du Seigneur, et qui peut
L’instruire ? »
C’est
peine perdue de vouloir comprendre les plans de Dieu par notre seule
intelligence naturelle, parce qu’il est hautement improbable
que les choses se passent comme nous l’avons imaginé.
De peur que nous ne puissions nous vanter en disant : « C’est
la force de mon bras qui m’a sauvé ! »
Pour
qui nous prenons-nous de vouloir dire à Dieu quoi faire et
comment faire ? Dieu sait ce qu’Il fait, et Ses méthodes
ne sont pas notre affaire ! Gardons-nous de vouloir dire à
Dieu comment Il doit s’y prendre. « Seigneur, Tu
dois suivre telle ou telle méthode, pour que nous soyons
mieux acceptés, mieux compris. »
Laissez tomber ceux qui ne veulent pas comprendre ! Soyez assuré que Dieu sait ce qu’Il fait ! « Mets ta confiance dans l’Éternel de tout ton cœur, et ne te repose pas sur ta propre intelligence. Cherche à connaître Sa volonté pour tout ce que tu entreprends, et Il te conduira sur le droit chemin. »
Dieu
ne se trompe pas ! Même la « folie » de Dieu est
plus sage que la sagesse des hommes, et la faiblesse de Dieu est
plus forte que la force des hommes. Il n’est pas de meilleure
voie que celle de Dieu.
Les
voies de Dieu ne sont pas celles des hommes, nous dit la Bible.
Dieu
est différent. Ses enfants sont censés être
différents eux aussi. Et ils sont censés faire une
différence dans le monde qui les entoure.
-- Adaptation d'un texte de David Brandt Berg.